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La dernière feuille

Il a fait un vent
Un vent fougueux
À écorner les bœufs
À soulever les toitures
Éparpiller les ordures

Il a fait un vent…
Un vent d’enterrement…

Sur sa branche dénudée
Elle a résisté
Vieillie, jaunie
Ramollie de pluie
Elle n’a pas voulu

Non, elle n’a pas su
Se laisser à mourir

Ses frères, ses sœurs
Aux nuits, tous trépassés
Des premières gelées
Depuis des lunes et des jours

Lentement, sûrement
Je compte ses heures
Avant le grand malheur
Quant au sol elle les rejoindra
Qu’il la recouvrira

Mais elle s’accroche
Ah oui elle se bat
Pour que mort ne l’emporta
Et veut passer l’hiver
Même sous les grands froids
La neige en surcroît
Exposée de partout
À la morsure
La froidure
La sécheresse
Ses veines sans sève
Sa robe en détresse de vieillesse
Son printemps sans vert
Son corps funéraire

Elle se bat
Sans craquement
Silencieusement

Et moi

Je regarde le ciel encore gris
Pour sa survie, je prie
Dans cette nuit
Où même le Dieu est parti

Rien, non rien
Pour elle ne puis…

En ma pensée lui dit :
Quand tout pour toi sera fini
Je te préparerai ton lit
Entre deux pages de la vie
Afin que jamais on ne t’oublie.

 

Éloix

2 novembre 2013

 

 

Musique: Time forgets, Yiruma

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