Poésie en amitié

Il y a si longtemps, trop longtemps

Que j’ai reçu ton dernier courrier…

Ma boîte toujours fermée, sans drapeau levé

Dépérit de sa faim d’un papier parchemin

Qui nourrirait sa solitude au bord du chemin

Chaque jour à travers la fenêtre

À l’heure où passe le facteur j’observe son manège;

Le vent ouvre un peu la palette de sa grande bouche

Invitant le messager à l’emplir de tes mots…

Inexorablement il continue sa livraison

Sans même un regard pour elle et moi

Voilà! Soupir et grande détresse, la porte se referme

Les rideaux voilent à nouveau ma fenêtre

 

Que je me rappelle tes derniers écrits

Qui m’apportaient le soleil de tes jours

Me faisaient rêver de tes escapades

Me réchauffaient du feu de tes émotions

Me berçaient des chants de ton cœur

Telles les berceuses qui endorment les enfants

Un foyer s’allumait en moi où tes flammes d’amitié

Consumaient la distance entre nous

Rapprochaient nos espoirs, nos mains tendues

Nos âmes dans un Éden latent

 

Il y a si longtemps, trop longtemps

Où la rivière de tes mots

N’a envahi les rives de mon esprit

Où les flots de ta tendresse

N’ont inondé ma raison

​

Doucement, sans prévenir

L’hiver s’installe

Les mots s’effacent

Sous ses assauts

Mes yeux trahissent

Le chagrin de leur absence

Mon cœur languit de cette marée

Qui me submergeait du bonheur simple

De me noyer dans ton verbe câlinant

 

La boîte vieillit mal

De n’être plus manipulée

De ne plus être comblée

Des enveloppes de ton courrier

La neige sur elle et sur moi nous abîme

Un peu, parfois beaucoup

Mais l’espoir nous ravivent

Car nous y avons déposé cette lettre

Pour toi

Et ce matin le facteur l’a ramassée

 

La palette est grande ouverte

Mes rideaux béent à la lumière

Quand ton courrier arrivera

Le drapeau se lèvera

Flamboyant le rouge de son bois

J’accourrai à la boîte

Dans mon âme le feu reviendra

 

Pad

2020/12/12

 

Musique :  Shirly Cason  “Peace for moments in life”