Je me suis étendu sur un lit de feuilles pour contempler le soleil de ma naissance, le bleu du ciel de mon enfance, l’arc en ciel de ces jours.

Dans un rêve éveillé des milliers de souvenirs ont atteint le seuil de mes pensées, jouant des coudes pour y entrer. Je mis de l’ordre dans ce cahot en les filtrant par la couleur des années.

Je suis resté longtemps sur ce lit les yeux fermés; si bien que la nuit s’est installée en toute fraicheur et silence. J’ai fini par ouvrir les yeux en constatant que le paysage avait changé, remuées par la brise les feuilles s’étaient faites couverture sur mon corps telle la neige en hiver.

Bien au chaud sous cet édredon j’ai contemplé la nuit qui me versait d’autres pensées à l’esprit.

J’ai parlé à la lune qui me faisait cinéma sur sa toile lumineuse de tout et de rien de ces faits furtifs des années d’après l’innocence. J’ai chanté avec les étoiles les hymnes aux joies vécues et au Dieu qui fut toujours derrière moi et souvent prenait les devants me montrant la Voie à suivre et brisait souvent de sa Voix le silence dans ma démarche.

Il y a des pensées que l’on ne souhaite pas laisser venir nous visiter; Lui et moi les chassons dans les limbes du noir de la nuit où se perdent toutes les frayeurs.

L’aube naissante m’a ouvert les yeux sur un paysage nouveau où serpentait une voie nouvelle faisant virage à l’orée d’un bois où les pensées vierges ne demandaient qu’à être cueillies avant que les bourrasques de l’hiver ne les foulent aux pieds de sa froidure assassine.

Mon Gardien et moi y entrons gaiement en souhaitant y remplir notre besace des jours où les feux d’artifices seront encore le quotidien et illumineront les apothéoses de vies nouvelles.

 

Éloix

Les chemins d’automne